Italie
Capitale — Rome
Population du pays
i2021Taux d'incarcération (pour 100 000 habi…
i2022Nature du régime
Indice de développement humain
0,892(29/188)
Taux d'homicide (pour 100 000 habitants)
Ministère(s) en charge de l'administrat…
Nombre de personnes incarcérées
54 771Ce chiffre n'incl…
i31/05/2022Durée moyenne de détention (en mois)
i2020/ Conseil de l’Europe, SPACE I – Rapport 2021, p. 124.Taux d'occupation
107,7 %Selon un rapport…
i31/05/2022Nombre d'établissements
i31/01/2020Un MNP est créé
Femmes incarcérées
4,2 %Ce chiffre n'incl…
i31/05/2022Mineurs incarcérés
0,3 %Les prisons compt…
i11/02/2022/ AntigonePourcentage de personnes en détention p…
28,5 %Ce chiffre n'incl…
i31/05/2022La peine de mort est abolie
oui, depuis 1994La peine de mort…
Garanties
Admission et évaluation
Toutes les personnes détenues sont admises en prison avec un ordre d'incarcération valable
Les personnes détenues sont en mesure d’informer sans délai un proche de leur détention
Des quartiers arrivants sont présents
dans quelques établissements
L’administration pénitentiaire ordonne que tout établissement pénitentiaire crée un quartier réservé aux arrivants, afin notamment de prévenir les suicides. Peu d’établissements en sont dotés.1
European Prison Observatory, “Les conditions de détention en Italie”, septembre 2019, p. 10 (en anglais). ↩
Un exemplaire du règlement intérieur est mis à disposition des personnes détenues
oui
L’administration pénitentiaire remet parfois, à l’admission, un livret énumérant les droits de la personne incarcérée. Des bénévoles interviennent ailleurs pour conseiller les arrivants.
Les prisonniers sont autorisés à exprimer leurs vœux quant à leur affectation. Il n’en est pas toujours tenu compte.
Prévenus et condamnés sont théoriquement séparés. La surpopulation carcérale remet souvent en cause cette obligation.
L’autorité judiciaire peut décider de l’absence de contacts entre certains détenus.
Tout détenu entrant bénéficie d’un entretien avec un psychologue à son arrivée, ou dans les plus brefs délais, afin d’identifier les comportements à risque.
L’ONG Antigone s’inquiète de la hausse significative des incidents d’automutilation en détention. À la prison de Florence Sollicciano, par exemple, 105 épisodes d’automutilation sont rapportés pour 100 détenus en 2021. Ce chiffre s’expliquerait, en plus des difficultés liées à la pandémie de Covid-19, par le nombre très élevé des détenus soumis à un traitement psychiatrique (39,5 % du total de la population carcérale) et par la disponibilité limitée des traitements thérapeutiques.
Accès aux droits
Le recours à un avocat est autorisé à tout moment de la détention
L’assistance juridique gratuite est inscrite dans la loi. L’Etat italien verse habituellement avec retard les honoraires des avocats assistant les personnes détenues démunies.1
European Prison Observatory, “Les conditions de détention en Italie”, septembre 2019, septembre 2019, p. 14 (en anglais). ↩
Intégrité physique
Les décès en détention sont consignés sur un registre
Nombre de décès en détention
143
Le centre documentaire Ristretti tient un registre actualisé en ligne du nombre de décès en détention.
Évolution du nombre de décès
augmentation de 16,3 %
Le nombre de décès en prison était, en 2015, de 123.
Nombre de décès attribués à un suicide
53
-
Trois suicides sont signalés depuis le début de l’année dans les prisons de Salerne, Vibo Valentia et Foggia. Un détenu se pend aux barreaux de sa cellule en mars à la prison de Sondrio. Il souffrait de toxicomanie et avait été placé à l’isolement selon la procédure réservée aux arrivants dans le contexte de la pandémie de Covid-19.
Évolution du nombre de décès attribués à un suicide
augmentation de 35,9 %
Le nombre de suicides en prison était, en 2015, de 39.
Taux de mortalité en détention (pour 10 000 prisonniers)
14,8
Taux de suicide en détention (pour 10 000 prisonniers)
8,7
Taux de suicide dans la population nationale (pour 10 000 habitants)
0,8
L'administration est tenue d’informer l’autorité judiciaire
de certains décès
Chaque décès en détention fait l’objet d’un rapport médical interne. L’administration pénitentiaire le transmet à l’autorité judiciaire quand les circonstances nécessitent une enquête.
L’administration pénitentiaire est tenue d’informer au plus tôt les proches d’une personne détenue décédée (article 29 du règlement pénitentiaire).
Des politiques de prévention du suicide sont mises en œuvre
oui
Des plans nationaux et régionaux de prévention du suicide sont mis en œuvre. Ils favorisent la collecte de données aux échelles locale, régionale et nationale qui doivent permettre de détecter les tendances suicidaires. Les personnes détenues à risque reçoivent un soutien psychologique de professionnels et de bénévoles. Elles peuvent également bénéficier de parloirs ou d’appels téléphoniques supplémentaires. Le personnel pénitentiaire est tenu de rester vigilant afin de détecter les situations à risques.1
ministère de la Justice, Plan national de prévention des conduites suicidaires (Piano nazionale per la pevenzione delle condotte suicidarie nel sistema penitenziario per adulti), 2017 (en italien). ↩
Le CPT rapporte, en 2020, des violences et des mauvais traitements à l’égard des détenus dans les établissements visités. Les faits se produisent habituellement à l’abri des dispositifs de vidéosurveillance, dans les escaliers par exemple.1 Nombreuses allégations de violence, de torture, d’abus et de mauvais traitements ont donné lieu, en 2021, à des enquêtes, des procédures pénales et des mises en accusation contre des agents pénitentiaires. L’ONG Antigone se joint, à 18 de ces procédures pénales. Selon l’ONG, certains des faits sont liés à des réactions présumées violentes lors d’émeutes dans les prisons, entre mars et avril 2020, en raison de la peur générée par la pandémie et l’interdiction des visites des proches. Le procureur de la République demande, en décembre 2021, l’inculpation de 108 agents pénitentiaires pour les violences commises à l’encontre des détenus de la prison de Santa Maria Capua Vetere. Ces violences avaient éclaté, le 6 avril 2020, au lendemain d’une mutinerie. Les surveillants sont poursuivis pour crimes de torture, blessure, abus d’autorité, falsification d’un document public et complicité d’homicide involontaire d’un détenu.
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, “Rapport au gouvernement italien sur la visite du 12 au 22 mars 2019”, 2020, pp. 11-15 (en anglais) ↩
-
Vingt-deux agents pénitentiaires sont inculpés pour des allégations de torture sur des détenus dans une prison de Turin. L’ancien directeur de la prison en fait partie. Le procureur de Naples met également en examen 107 membres du personnel pénitentiaire pour des faits de violence sur des détenus en avril 2020. Les agents auraient effectué un raid punitif suite à une révolte des détenus. Les allégations mentionnent des faits de torture et d’abus de pouvoir.
-
Le parquet de Modène poursuit quatre agents pénitentiaires pour actes de torture avec circonstances aggravantes commis lors de l’émeute du 8 mars 2020 à la prison de Sant’Anna. Neuf détenus étaient morts lors de ces événements. Les autorités n’excluent pas l’implication d’autres suspects.
La prohibition de la torture est inscrite dans la Constitution et dans la loi
seulement dans la loi
Le Parlement approuve la loi du 14 juillet 2017 interdisant explicitement la torture. Celle-ci trouve sa traduction dans les articles 613-bis et 613-ter du code pénal.
La Convention contre la torture des Nations unies (CAT) est
ratifié en 1989
signé en 1985
Le harcèlement sexuel est puni d’une peine allant jusqu’à six mois de prison et d’une amende de 516 euros. L’article 613 du code pénal sanctionne les agressions physiques et les actes de cruauté de 5 à 12 ans de prison. La peine encourue, lorsque ces actes conduisent au décès de la victime, s’élève à 30 ans de réclusion.
Toute allégation ou tout soupçon de mauvais traitement infligé à un détenu est enregistré
Le CPT consulte, lors de sa visite en 2019, les dossiers médicaux des prisonniers se plaignant de mauvais traitements de la part du personnel. Il y relève de nombreux incidents. Il recommande à l’administration pénitentiaire d’enregistrer plus sérieusement l’ensemble des incidents, attestés ou prétendus, ainsi que d’étendre le réseau de vidéosurveillance.1
Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants, “Rapport au gouvernement italien sur la visite du 12 au 22 mars 2019”, 2020, pp. 16-17 (en anglais) ↩
Si oui, l'administration est tenue de saisir l’autorité judiciaire
-
Des violences contre les personnes détenues ont lieu à l’établissement de Santa Maria Capua Vetere au mois d’avril 2020. Les 105 membres du personnel de sécurité et de santé accusés pour ces faits sont mis en examen. Plus de la moitié d’entre eux est accusée de faits de torture. Le Garant national des droits des personnes privées de liberté, des associations et environ 90 détenus se constituent partie civile.
Les médecins ne sont pas formés à l’identification des signes de torture.
Nombre de faits violents recensés entre détenus
3 821
Les détenus victimes de violences et/ou de harcèlement sexuel de la part de codétenus peuvent prétendre aux mêmes droits (indemnisation et sanctions des coupables) que les personnes libres. Une recherche entreprise par Antigone en 2019 relève que la démarche est particulièrement complexe. Les preuves sont difficiles à réunir et les témoignages sont facilement mises en doute. Les transferts s’avèrent être la seule protection efficace pour les personnes détenues victimes de violences.
Les violences entre personnes détenues font l’objet, par établissement, d’un registre tenu à jour
Les violences entre personnes détenues font l'objet d'une enquête
Plaintes
Nombre de plaintes déposées contre l'administration par des personnes détenues
-
L’administration pénitentiaire ne dispose d’aucun registre central des plaintes déposées contre elle, auprès d’un juge ou d’une institution internationale par des personnes détenues. Le Mécanisme de prévention de la torture italien reçoit toutefois, en 2018, 471 plaintes de la part de personnes détenues.1
Garant national des droits des personnes détenues ou privées de liberté, Rapport au Parlement (Relazione al Parlamento), 2019, p. 130 (en italien). ↩
L’article 35-bis du règlement pénitentiaire autorise les personnes détenues à porter plainte contre l’administration pénitentiaire.
Les juges de surveillance (magistrati di sorveglianza) sont habilités à recevoir les plaintes des détenus. Ils sont indépendants de l’administration pénitentiaire. Les personnes détenues peuvent également, en dernier recours, faire valoir leurs droits auprès de la CEDH.
Mécanisme national de prévention (MNP) et autres organes de contrôles externes
Le Protocole facultatif à la Convention contre la torture des Nations unies (OPCAT) est
ratifié en 2013
signé en 2003
Un MNP est créé
oui, en 2014
Indiquer le nom du MNP
Garante nazionale dei diritti delle persone detenute o private della libertà personale
Garant national des droits des personnes détenues ou privées de liberté
Le MNP est entré en fonction
oui, en 2016
Le MNP est désigné par
le pouvoir exécutif et le parlement
Les membres du MNP sont désignés par le Conseil des ministres et nommés par le Président de la République, après audition des commissions parlementaires concernées.
La structure du MNP
organe collégial de trois membres
Le président du MNP et les deux membres désignés par le conseil sont tenus de ne pas appartenir au personnel pénitentiaire ou ministériel.
Durée du mandat du MNP
cinq ans, non renouvelable, irrévocable
Les rapports du MNP sont rendus publics
oui
Les rapports annuels du MPN sont remis entre mars et avril au Parlement, puis publiés en ligne. Chaque visite d’établissement donne lieu à un rapport.
-
Le Garant national des droits des personnes privées de liberté publie son rapport annuel au Parlement et le présente au Sénat le 20 juin 2022. Le chef de l’État Sergio Mattarella est présent.
Nombre de visites d’établissements pénitentiaires par le MNP
90
Les textes prévoient des visites inopinées du MNP
oui
Le MNP peut effectuer des visites régulières et impromptues. Les visites régulières sont thématiques et régionales. Les visites impromptues sont ad hoc et de suivi.
Le MNP peut être saisi par les personnes détenues, leurs proches, leur avocat ou toute autre personne. Un grand nombre de plaintes en provenance d’un même établissement génère habituellement une visite.
Tous les établissements, quartiers ou locaux peuvent faire l’objet d’un contrôle de la part du MNP
Les recommandations du MNP sont suivies d'effet
dans quelques cas
Le MNP adresse ses remarques et recommandations à l’administration pénitentiaire. Celle-ci dispose, en cas de désaccord, de 30 jours pour répondre. Toutes les remarques, recommandations et réponses sont publiées sur le site du MNP. Les noms des personnes impliquées ne sont pas communiqués. Le mandat du MNP l’autorise à venir constater la prise en compte ou non de ses recommandations.
Une instance régionale contrôle les lieux de privation de liberté
oui
Le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT).
Ses rapports sont rendus publics
Le Sous-comité pour la prévention de la torture (SPT) a déjà visité le pays
oui
Du 16 au 22 septembre 2015.
Le rapport de la visite a été rendu public
Le rapport de visite du Sous-comité pour la prévention de la torture est publié le 23 septembre 2016.
L’association Antigone est autorisée à visiter tous les établissements pénitentiaires. C’est le cas, en 2021, pour 99 d’entre eux. Elle n’est pas habilitée à s’entretenir avec les personnes détenues lors de ces visites.
L’Observatoire des prisons (Osservatorio Carcere), créé en 2006, visite les établissements et émet des recommandations. Il est composé d’un responsable gouvernemental et d’un groupe de travail.
Des instances de contrôle indépendantes existent dans la plupart des régions italiennes. Les conseils régionaux nomment localement un médiateur (Garante regionale dei diritti della persona). Ses compétences s’étendent au domaine carcéral. Son rôle est de promouvoir et garantir les droits des personnes, notamment en cas de conflit avec l’administration.
Aménagements de peine
La loi prévoit un dispositif d’aménagement de peine
L’octroi d’un aménagement de peine relève de la compétence du tribunal de surveillance (tribunale di sorveglianza).
La peine peut être aménagée dès son prononcé
Les personnes condamnées à une peine inférieure à trois ans d’emprisonnement, ou dont la peine résiduelle est inférieure à trois ans, peuvent bénéficier d’une mise à l’épreuve. Leur profil est pris en considération.
La peine peut être aménagée en cours d'exécution
L’octroi d’un aménagement de peine en cours d’exécution est conditionné à une “bonne conduite” et, souvent, à la participation aux activités. Une remise de peine de 45 jours est possible pour chaque période de six mois de détention.
En cas de refus d'aménagement de peine, la personne détenue peut contester cette décision
Certaines catégories de condamnés ne peuvent pas prétendre à des aménagements de peine
Les personnes condamnées pour association criminelle en lien avec la mafia ne peuvent bénéficier d’aménagement de peine sauf à coopérer avec la justice.
L’Italie est condamnée par la CEDH, en 2019, dans l’affaire Viola c. Italie pour la peine à perpétuité sans aménagement de peine possible et les conditions de détention inhumaines qu’elle impose aux détenus condamnés par des faits terroristes ou par des liens avec un groupe mafieux.
La loi prévoit un dispositif de permission de sortir
Une “bonne conduite” peut faire bénéficier jusqu’à 15 jours de permission de sortie.
Des permissions de sortir peuvent être accordées aux détenus condamnés à une peine inférieure à quatre ans, ou ayant purgé au moins un quart de leur peine (dix ans minimum pour les condamnés à la perpétuité).
La loi prévoit un dispositif d'aménagement de peine pour raisons médicales
Les détenus malades peuvent être assignés à résidence.
Nombre des personnes détenues ayant bénéficié d’une grâce présidentielle ou d’une amnistie
20
Sergio Mattarella, président de la république italienne, a gracié totalement ou partiellement 20 personnes entre 2015 et 2019.
La grâce présidentielle est accordée individuellement, avec l’approbation du ministère de la justice. L’amnistie relève quant à elle d’une décision législative générale concernant un ou plusieurs types d’infraction en particulier. La dernière est accordée en 1992.